L’affichage des résultats à l’AP-HP

Mardi 23 juin 2015, Il est 14 heures. Je descends du 96 à la station Chatelet et je vois la foule amassée devant le siège de l’AP-HP.
Visiblement les résultats sont en train d’être affichés. En un mouvement instantané, la foule compacte se resserre et se colle aux vitres. Je vois, au dessus des têtes, des mains qui fixent les listes en les scotchant sur les carreaux.
Je traverse le quai de Gesvres et je viens me mêler à la foule.
Une jeune fille se jette au cou de sa grand-mère : « Je l’ai ! je l’ai !, je l’ai ! Ho mamie, c’est génial, je l’ai ! » Elle rit et elle pleure en même temps.
Une autre se ronge les ongles et attend. Son copain surgit de la foule et crie très fort « Tu l’as ! ». Elle se précipite dans ses bras, ils sont hilares. Il l’entraîne vers la liste pour qu’elle voit. Elle rit et pleure en même temps, elle ne trouve pas son nom.
Deux jeunes femmes sont complètement dépitées : sur la liste principale les noms sont classés par ordre alphabétique mais ils s’arrêtent à la lettre M ! Les deux filles ne comprennent pas comment c’est possible. L’une d’elles pense que l’AP-HP s’est trompée. Elles ont regardé sur la vitre d’après, à droite, et il n’y a rien. Rien que la liste complémentaire. L’une d’elles est au bord de la crise de nerfs : « Je vais porter plainte ! dit-elle, ce n’est pas possible qu’il n’y ait pas de noms en R ! regarde combien il y en a en M ! ». Je vais les voir et je leur montre que la suite de la liste est affichée sur la vitre de gauche… Là où sont affichés les résultats des kinés et des manips-radio. Elles se précipitent et trouvent toutes les deux leurs noms. Elles me remercient avec d’immenses sourires.
Une grande fille blonde dit qu’elle est super déçue d’être sur la liste complémentaire. Je lui demande si elle a été informée sur la procédure de l’ARS qui permet d’être appelée par une autre école. Elle n’est pas au courant. Elle a passé un bac ASSP l’année dernière et on ne lui a rien dit au lycée.
Je vais alors voir plusieurs personnes qui sont sur la liste complémentaire et je leur pose la même question. Une seule est au courant. Je suis très surprise par le manque de diffusion de cette information. Beaucoup repasseront le concours et perdront 6 mois ou un an alors qu’elles auraient pu être admises dans un IFSI.
Une fille brune est assise sur le rebord du mur. Elle pleure a gros bouillons. Je me dis qu’elle n’a pas vu son nom sur la liste. Ses copines la consolent comme elles peuvent. Je les écoute et je réalise que je me suis trompée : « mais tu devrais être contente, tu es sur la liste principale ! », lui dit une de ses amies. Et elle lui répond dans un flot de larmes : « J’étais sûre que j’avais cartonné et je suis même pas dans les 100 premiers ! ».
Une dame explique à sa fille qui a trouvé son nom sur la liste complémentaire : « Ne t’inquiète pas, le rang qui est écrit ici n’a rien à voir avec la note que tu as obtenu au concours. Il s’agit d’un classement qu’ils ont fait au moment de l’inscription ! ». Sa fille semble un peu rassurée…
Un garçon s’inquiète : il y a des noms cachés par des bouts d’anciennes listes restés sur la vitre de la liste complémentaire. Il croit que son nom est caché. Il ne voit que le prénom et un numéro. Il recherche son numéro de candidat dans son sac. Un de ses copains arrive et lui dit qu’il vient de le trouver sur la liste principale. Il met un peu de temps avant de réagir et il fonce voir son nom, guidé par son copain.
Les téléphones portables fonctionnent à plein régime. Chacun appelle ses parents, ses amis et même ses profs de prépa pour leur donner les résultats. Ceux qui sont venus à plusieurs se font prendre en photo, tous prennent la photo de leur nom sur la liste, certains font un selfie devant la vitre ou devant la porte de l’AP-HP…
Une fille s’en va, tête baissée. Elle marche lentement. Elle ne téléphone pas.
Le jour des résultats est un jour important pour tous. Certains sont fous de joie. « Tu te rends compte, en plus, c’est hyper rare qu’on réussisse à l’avoir à 17 ans ! » dit une fille à sa mère. Pour beaucoup de ceux qui ont réussi, c’est un grand virage qui se dessine dans leur vie. Trois ans d’études et puis un beau métier à la clé ! Ils passeront de bonnes vacances. La liste complémentaire laisse les personnes concernées dans l’incertitude, parfois même jusqu’aux premiers jours de la rentrée… Le plus dur, bien sûr c’est l’échec. Mais il y a les résultats des autres écoles vendredi prochain ! L’espoir est encore là…
Finalement, tous ceux et toutes celles qui ont réussi à passer l’épreuve orale sont tout près de la réussite. S’ils ne parviennent pas à intégrer un IFSI en septembre, ils pourront repasser le concours pour une rentrée en février. Leur projet ne sera différé que de quelques mois. Il ne faudrait surtout pas qu’ils baissent les bras. Si près du but il faut foncer !

Anaïs Dattner