Les bénéfices supplémentaires des préparations aux concours

Par Anaïs Dattner

Ce sont deux stagiaires de l’année dernière, aujourd’hui étudiantes en soins infirmiers, venues rencontrer un groupe de stagiaires en préparation, qui m’ont donné l’idée de rédiger cet article. Elles partageaient avec les autres leurs impressions sur les épreuves du concours et expliquaient comment s’étaient déroulées leurs premières semaines à l’école et comment étaient organisées leurs études. En les observant, je me souvenais de notre première rencontre au début de leur prépa et je me disais qu’elles avaient vraiment beaucoup changé. À ce moment-là, curieusement, elles se sont mises à évoquer ce qu’elles ont appelé « les bénéfices supplémentaires » de la prépa. « J’ai beaucoup changé » disait l’une, « j’ai vaincu ma timidité » disait l’autre avec un grand sourire.

Toute formation transforme son bénéficiaire à condition que celui-ci soit réellement impliqué dans ses apprentissages. Les stagiaires des préparations aux concours sont le plus souvent très investis dans leur formation, c’était le cas de ces deux anciennes stagiaires.

Je trouve intéressant d’essayer d’analyser ces « bénéfices supplémentaires » qui viennent s’ajouter à l’objectif premier des concours qui est la réussite.

Pourquoi et comment change-t-on en prépa ?

Pour commencer, j’ai envie de préciser qu’à mon avis, on change forcément en mieux lorsqu’on bénéficie de ce type de formation.

En effet, les préparations aux concours sanitaires ou sociaux sont bien sûr, en premier lieu, un travail sur la méthodologie des réponses aux diverses questions de concours mais ce n’est pas tout : elles sont aussi un travail sur soi. On y apprend à mieux se connaitre, à prendre du recul sur ses propres pratiques, à prendre conscience de ses atouts et de ses faiblesses, … à apprendre.

Ces formations sont par ailleurs le lieu de nombreux échanges, de débats et de discussions. On  acquiert des connaissances nouvelles et surtout, on bouscule ses propres certitudes et ses idées reçues. Les sujets abordés sont complexes, on prend l’habitude de réfléchir, de penser la complexité du monde et des personnes. On développe un esprit à la fois critique et constructif. On apprend à ne pas émettre d’idées toutes faites, d’idées tranchées, de jugements de valeurs. On apprend à tenir compte des différents points de vue et à nuancer ses propos. Petit à petit on change sa vision du monde, on devient plus attentif aux autres, plus respectueux, plus ouvert.

Se préparer, aussi bien pour les épreuves écrites que pour les épreuves orales est également un entrainement à l’analyse de consignes et de textes, à la compréhension, à l’argumentation, à la rédaction. Ces compétences développées ou acquises en prépa sont des « compétences durables ». Elles ne seront pas utiles uniquement pour réussir le concours mais bien au-delà : pour les études, pour le métier et même pour diverses situations de la vie personnelle.

De plus, tout ce travail permet de développer sa confiance en soi et sa confiance en les autres. Les partages d’expériences permettent de trouver sa place dans le groupe et de gommer des blessures qui peuvent venir de loin, notamment en ce qui concerne le rapport à l’écrit ou la difficulté de parler devant les autres. Ainsi, la peur « d’être nul » disparait, la prise de parole en public est facilitée. On apprend à donner son avis, à parler de soi, à dire et à écrire « je ».

Enfin, le fait d’être formé par des formateurs ayant une expérience du métier permet de commencer à construire son identité professionnelle. On développe son apprentissage du langage professionnel, on se pose des questions constructives telles que « quel soignant je veux devenir ? », « qu’est-ce qui fera de moi un travailleur social ? ».

Il faut toutefois savoir que tous les stagiaires en préparation ne profitent pas de ces changements de la même manière. Certains n’en ont pas besoin, ils ont déjà cette confiance, cette ouverture, ces compétences. D’autres ne s’impliquent pas dans leur formation et ne font acte que de présence aux cours. Lorsque des changements surviennent, c’est à des degrés divers et dans des domaines différents.

J’ai observé bien souvent ces « bénéfices supplémentaires » chez les stagiaires que j’ai accompagnés, avec d’autres formateurs, dans leur préparation aux concours. Ce constat a réellement donné du sens à mon métier de formatrice, il en a fait pour moi une passion.